QUEL EST LE NOM DE CARLA BRUNI ?

QUEL EST LE NOM DE CARLA BRUNI ?

Moi : Une fidèle lectrice nous écrit : « Carla Bruni-Sarkozy se moque de François Hollande qui lui a adressé un carton d’invitation en utilisant son nom et non son nom d’usage. Elle feint de penser qu’il a pas su qu’elle était mariée ! Est-ce un sujet pour la Marquise ? Même après mariage le nom des femmes reste le nom de la déclaration de naissance. Cette histoire de nom d’épouse me tracasse souvent quand j’observe le féminisme revendiqué de certaines. Je me demande pourquoi Najat Belkacem se fait appeler Vallaud-Belkacem si son mari ne se fait pas appeler Belkacem-Vallaud ? De même Nicolas Sarkozy pourrait maintenant s’appeler Sarkozy-Bruni, si on respecte l’ordre différent choisi par Carla Bruni. En tout cas pour la question de départ, il n’y avait pas de quoi fouetter un chat, Hollande a simplement utilisé le nom officiel de la dame. »

La Marquise : Vérification faite, Carla Bruni a tweeté le message suivant (agrémenté d’émoticones et de plusieurs coquilles que j’ai rectifiées sans barguiner) : « Can someone tell President Hollande that I’m actually married now …? Tiens Francois Hollande ne sait pas que je me suis mariée…. est-ce que quelqu’un du protocole de L’Elysée pourrait l’avertir ? C’è qualcuno all’Elysee che può avvertire il Presidente Hollande che mi sono sposata ? » Notre fidèle lectrice a donc évidemment raison de dire qu’il n’y avait pas dans le carton d’invitation du président de la République de quoi fouetter un chat. C’était tout au plus pour Carla Bruni l’occasion de faire parler un peu d’elle dans les gazettes.

Moi : D’ailleurs, il me semble Carla Bruni se vante de n’être pas féministe.

Mais, ajoute la Marquise, notre lectrice associe à ce banal épisode pipeule l’épineuse question du nom de famille porté par les femmes. En effet, on présente souvent comme une émancipation le fait qu’elles puissent, en se mariant, conserver leur nom « de jeune fille » accolé à celui de leur mari. Elles peuvent donc continuer d’afficher leur nom « propre », qu’elles avaient avant de se marier. Mais ce nom « propre » n’est autre que celui de leur père, c’est-à-dire celui de l’ancêtre fondateur supposé de la lignée. Société patriarcale classique où la fille passe du clan de son père à celui de son mari. Elle ne possède donc jamais de nom « propre » (son prénom étant généralement celui d’une grand-mère).

Moi : Reprenons l’exemple de Carla Bruni-Sarkozy, si vous voulez bien. Son nom « propre » (de jeune fille) est Bruni.

— Pas tout à fait : c’est Bruni-Tedeschi — nom de son père Alberto.

— Son père se nommait donc Bruni et sa mère Tedeschi de son nom de jeune fille ?

— Pas du tout ! C’est beaucoup plus compliqué que cela — et intéressant. Sa mère se nomme Marisa Borini (née Planche).

— Qui est donc Tedeschi ?

— C’est l’ancêtre fondateur du clan. Un industriel juif de Turin qui a fait fortune dans les câbles électriques à la fin du XIXe siècle. Son fils Virginio, assistant à la montée du nazisme, ajoute à son nom celui de sa première épouse Orsola Bruni, qui est catholique. Virginio, devenu Bruni-Tedeschi, sera le père d’Alberto, lui-même père de Carla.

— Virginio fut donc féministe par prudence ?

— Si l’on veut. Mais sa petite-fille Carla a d’autres raisons d’avoir des problèmes identitaires. Figurez-vous que son père Alberto lui a révélé qu’il n’était pas son « vrai » père.

— Qui était donc son père biologique ?

— Un amant de sa mère Marisa, nommé Maurizio Temmert.

— Marisa a-t-elle confirmé ?

— Oui. Elle a même précisé que le jeune Maurizio était le fils d’un de ses amant.

— Sapristi ! Ce scénario familial fleure bon l’inceste symbolique et aurait fait un excellent synopsis pour Shakespeare ou Goldoni. Je comprends mieux pourquoi Carla Bruni est si chatouilleuse sur les noms doubles.

2 Commentaires
  • Etchebeheïty
    Posted at 19:28h, 20 mars Répondre

    Quelle histoire !
    Et savez-vous, Marquise, ce qu’il sied de faire quand une jeune fille porte un nom à particule ? Doit-elle l’abandonner comme une certaine Bernadette Chodron de Courcel le fit ou pourrait-elle devenir madame Chodron de Courcel-Chirac, par exemple ?
    Toute la complexité des femmes d’aujourd’hui se retrouve dans ce désir du mariage et d’un nom d’épouse qui le prouve et cette volonté de montrer qu’elles existent par elles-mêmes aussi, comme si on pouvait en douter ! Ce n’était certainement pas nécessaire pour madame Chirac !

  • Jean-Christophe saladin
    Posted at 19:48h, 20 mars Répondre

    On ne peut mieux dire.

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