06 Fév PÉNÉLOPEGATE ? EST-CE VRAIMENT DU FRANÇAIS ?
Moi : Ma foi oui ! C’est même assez bien trouvé, car cela donne une connotation humoristique à une affaire somme toute plutôt sordide.
La Marquise : Oui, bien sûr, mais c’est le profil linguistique du mot qui m’intrigue.
Moi : Vous voulez dire son profil orthographique ?
Elle : Les deux, car le mot n’est pas vraiment français, me semble-t-il.
Moi : Il démontre, s’il en était besoin, l’extraordinaire plasticité de la langue, n’en déplaise aux académiciens ! Ce qui me plaît, c’est qu’on ne prononce pas « ouatergatte », comme le voudrait l’orthographe française, mais « ouatergaïte » et « pénélopegaïte », comme le veut l’orthographe anglaise.
Elle : Cela voudrait-il dire que l’anglais est soluble dans le français ?
Moi : Oui, tout à fait, tout au moins certaines de ses expressions. On dit bien « bloudjinnz » depuis plusieurs générations (Merci Raymond Queneau).
Elle : Mais, que veut dire exactement ce « -gate » accolé aux scandales politiques ?
Moi (toujours un peu pontifiant) : Il ne veut rien dire, ma chère. C’est le suffixe de Watergate, le nom de l’immeuble du parti démocrate que les espions de Nixon ont tenté de cambrioler, mais ils se sont fait lamentablement pincer.
Elle : Alors, Gate veut peut-être dire « scandale » ? Je croyais que cela voulait dire « portail », comme pour le Golden Gate Quartet.
Moi : Absolument. Watergate signifie « Porche de l’eau », car il se situe en bordure du Potomac.
Elle : Donc, si je comprends bien, on assiste à la naissance d’un nouveau mot français, gratifié d’une nouvelle orthographe — un comble ! C’est le suffixe –gate (à prononcer gaïte), qui signifie quelque chose comme : scandale politique. C’est beau comme du Quintilien !
Moi : Pardon ?
Elle : Oui, ce Romain qui a écrit dans son Institution oratoire que la seule règle de la correction de la langue, c’était l’usage.
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