L’HYMNE À LA JOIE

L’HYMNE À LA JOIE

— Voilà que Beethoven se fait traiter de nazi à cause du président Macron.

La Marquise : C’est un comble ! Heureusement que ce grand républicain est mort pour ne pas entendre cela.

Moi : Ou plutôt pour ne pas le lire, car cela a été insinué en toutes lettres dans Médiapart après la passation de pouvoir de Hollande à Macron à l’Élysée.

Elle : Racontez-moi cela !

Moi : Un journaliste y fait appel à l’anthropologue Esteban Buch qui affirme que l’Hymne à la joie (extrait de la 9e symphonie de Beethoven) « sent le soufre » car il a été « récupéré par le régime nazi, ou encore par la Rhodésie à l’époque de l’apartheid ». Pire, son arrangement musical a été réalisé par Karajan, qui fut membre du parti nazi pendant dix ans. L’article est illustré par une photo de Karajan en train de diriger le Philharmonique de Berlin.

Elle : Étrange acharnement contre notre pauvre Beethoven (paix à ses cendres !) Car dans ce cas, tous les musiciens qui ont été joués en Allemagne hitlérienne sont à mettre à l’Index. Cela fait du monde. Et, tant qu’on y est, il faudrait aussi interdire l’allemand (Goethe, Schiller, Hoffmann ?) au titre qu’il fut la langue du nazisme !

Moi : Cet acharnement vient du fait que Macron a fait son entrée sur l’esplanade du Louvre le soir de son élection au son de cette musique.

Elle : Dans ce cas, les philosophes Leibniz et Paul Ricœur (dont j’ai suivi les cours à Nanterre en 1968) sont peut-être également devenus nazis eux aussi sans le savoir, puisque Macron les a cités pendant sa campagne électorale.

Moi : La haine contre le nouveau président entraîne à la confusion du langage.

Elle : Les journalistes devraient lire le livre de Viktor Klemperer intitulé La Langue du Troisième Reich. Il y montre comment la confusion du langage prépare celle des esprits.

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