CORPS ET ÂME

CORPS ET ÂME

— Dolto disait : L’inconscient, c’est le corps (voir billet précédent). La cinéaste hongroise Idikó Enyedi enrichit cette idée par une métaphore puissante : deux animaux sauvages, un cerf et une biche, se cherchent dans une forêt sous la neige, sans arriver à se toucher vraiment.

— J’ai vu le film, dit la Marquise. La belle héroïne est effectivement presque mutique, comme un animal sauvage.

Moi : Il faut préciser qu’elle travaille dans un abattoir où les bêtes silencieuses ne sont pas précisément à la fête, et que ses collègues la considèrent comme une bêcheuse. Alors, elle se rêve en animal sauvage et timide.

La Marquise : Serions-nous donc des animaux ?

Moi : Certainement, mais notre usage inconsidéré du langage nous le fait oublier !

La Marquise : Alors, si l’inconscient est l’animal en nous, de quoi rêvent donc les animaux ?

Moi : On ne peut pas le savoir, car ils ne parlent pas.

La Marquise : Mais ils nous regardent.

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