09 Jan AH ! LE BON VIEUX TEMPS DES GUERRES DE RELIGIONS
— Très original, le décor de Marine Le Pen pour son message de nouvel an. Elle se tient entre un drapeau tricolore et un portrait de Richelieu, en armure, avec sa belle cape rouge. Où a-t-elle été chercher cela ?
— C’est un détail d’un grand tableau « d’histoire » représentant le fameux cardinal inspectant le siège de La Rochelle en 1628. Quand la ville a été prise, les deux tiers de la population (des protestants) ont été exterminés.
— C’est vrai que c’était le bon temps ! L’état civil était le registre des baptêmes tenu par le curé et on pouvait étriper du huguenot sans se faire traiter de raciste, ni de facho.
— Oui, oui. La patronne du Front national revendique haut et fort une identité nationale qui ressemble à la fameuse « France, fille aînée de l’Église », chère à Louis XIII, qui était justement le patron de Richelieu.
— Pourtant, le bon roi Henri IV avait, me semble-t-il, mis fin aux guerres de religions en accordant la liberté (surveillée) aux protestants par l’édit de Nantes ?
— Certes, mais son fils Louis XIII préférait la pureté du sang catholique. Quant à Louis XIV, n’en parlons pas. Vous avez sans doute lu L’Affaire Calas de Voltaire.
— Il est amusant qu’elle s’élève contre les « candidats de la brutalité sociale ».
— Je crois qu’elle veut simplement dire que le « peuple » français ne peut être que catholique. Les Français protestants, juifs ou musulmans vont être ravis qu’on leur propose comme perspective la destruction de La Rochelle. Pourquoi pas la Saint-Barthélemy ? Quant aux athées, dont je suis heureux de faire partie, ce sera peut-être le supplice de la roue, comme Calas. Rappelez-vous : le condamné est attaché sur une roue de charrette et le bourreau lui casse les articulations à coup de barre de fer. Le vieux Calas a agonisé pendant une semaine sur la place Saint-Georges à Toulouse.
— Daech n’a pas inventé grand chose. Il y en a même qui disent que la destruction d’Alep rappelle celle de La Rochelle. Qu’en pensez-vous ?
— Autres temps, autres techniques. Mais idéologie somme toute assez proche. Le Dieu des armées est un prétexte inusable, même si Bachar El Assad n’est pas précisément en bon termes avec Daech.
— Merci pour cette fine analyse de la partie « non-verbale » de l’allocution.
— Eh oui ! Il n’y a pas que le texte, il y a aussi les images.
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